L’exploitation des ressources gazières avec le projet Grand Tortue Ahmeyin, sur la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie suscite l’espoir à Saint Louis : tant en termes de plus-value que les retombées qu’elle pourra générer pour la ville pour lui donner un nouveau souffle pour devenir une grande métropole. Fondée en 1659, il y a 364 ans à l’embouchure du fleuve Sénégal, Saint-Louis combine un patrimoine matériel et immatériel historique de plusieurs strates avec une identité forte fondée à la fois sur une culture riche et originale conjuguée à la beauté du site naturel. Forgée à la confluence entre le fleuve Sénégal et l’Océan Atlantique, Saint-Louis a accueilli les premiers établissements européens et conserve encore de nombreuses constructions témoins de l’époque. Capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF) en 1895, Saint-Louis devient à son apogée à la fois capitale du Sénégal et de la Mauritanie. En 1902, la capitale de l’AOF est transférée à Dakar. Le transfert de la capitale du Sénégal vers Dakar en 1957 provoque une forte baisse de son économie.
Le transfert de la capitale de la Mauritanie vers Nouakchott en 1960, sonne le déclin de la ville sur un demi-siècle. Par la suite, elle connaîtra plusieurs phases de croissance démographique: d’abord l’exode rural dans les années 1960 des populations de la Vallée du Fleuve, puis au début des années 90 avec le retour massif de Sénégalais rapatriés de la Mauritanie et l’ouverture de l’université Gaston Berger (UGB) à une dizaine de km au nord-est de la ville. Sur 806,6 km2, selon les projections, elle abritera +300 000 habitants en 2030. Sur le plan de la morphologie urbaine elle se caractérise par un tracé en damier imprimé dès 1820 par le premier plan d’alignement. La grande qualité architecturale et urbaine du site a amené l’UNESCO à inscrire l’île au patrimoine mondial de l’humanité en 2000. Les premières extensions à partir des années 1940 sont : Balacos, Teen Jiggen, Ndiolofène et la Langue de Barbarie, avec la forte population de pêcheurs à Guêt Ndar. Dans les années 60, une seconde aire d’extension est venue se greffer sur la partie sud de la ville, avec la création des quartiers de Diamaguène, Léona, Diaminar…
La zone d’extension spontanée de Pikine s’est créée dans les années 70. La ville a fini par absorber les villages traditionnels de Bango, Ngallèle, Khor comme des zones de décongestion. Pour éviter des extensions spontanées, une Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) a été édifiée entre Ngallèle et Sanar avec plusieurs lotissements. L’ouverture de la brèche sur la Langue de Barbarie afin de lutter contre les inondations et faciliter le passage des pêcheurs vers la mer en 2003, a eu un impact considérable sur les écosystèmes. Le problème a été aggravé par l’effet du changement climatique ces dernières années. Vue toute cette problématique, comme cité d’eau Saint-Louis sera-t-elle cette promesse une ville mondiale avec la mise en exploitation effective des ressources gazières ?
Auteur : Djibril DIOP