Russie : Vladimir Poutine lâche les rênes de Danone

En juillet 2013, le président russe s’était octroyé l’usufruit de 12 usines détenues par le géant français. Un décret vient d’annuler cette décision. Une bonne nouvelle ?

Entre les deuxième et troisième boulevards périphériques de Moscou, où se trouvent les bureaux de Danone Russie, la décision du Kremlin du mercredi 14 mars n’a pas surpris grand monde. Depuis juillet 2023, cette filiale du géant français de l’agroalimentaire était sous tutelle de l’État russe, une mesure récemment révoquée. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que Danone reprendra le contrôle de sa filiale russe. En réalité, l’acte signé par Vladimir Poutine ouvre la voie à une cession à un proche du cercle présidentiel.

Revenons sur les évènements qui ont conduit à cette décision, une histoire qui a attiré l’attention du monde des affaires français et des entreprises encore présentes en Russie. Dans les années 1990, Danone a commencé à nourrir la population locale en ouvrant des magasins de produits importés, puis en exploitant sa première usine de yaourts à Togliatti en mai 1995, suivie de douze autres. Avant le début de la guerre en Ukraine en février 2022, Danone réalisait environ 5,6 % de son chiffre d’affaires en Russie, avec près de 2 % de ses bénéfices. La filiale russe de Danone employait également environ 7 200 collaborateurs, dont quelques expatriés, soit près d’un salarié sur treize de la multinationale.

Cependant, au début du conflit avec l’Ukraine, Danone a choisi de ne pas quitter la Russie, espérant une résolution rapide de la crise. Mais la situation s’est enlisée et l’entreprise a rencontré des difficultés d’approvisionnement et de maintenance de ses usines russes. En octobre 2022, Danone a décidé de se retirer du pays en mettant en vente 12 usines russes et en recherchant un acheteur compatible avec les conditions locales.

Des offres ont été étudiées, mais en juillet 2023, un revirement soudain s’est produit lorsque Moscou a publié un décret maintenant la propriété des usines par Danone, mais accordant à l’État russe l’usufruit. Cette décision a été perçue comme une rétorsion aux soutiens occidentaux à l’Ukraine. Plus tard, en février 2024, Vamin Tatarstan, une entreprise laitière russe appartenant à Mintimer Mingazov, proche du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, a formulé une offre pour acquérir les actifs russes de Danone. Cette offre, bien en deçà des attentes de Danone, pourrait cependant être acceptée pour garantir la tranquillité de l’entreprise.

Auteur : Ben Oumar DIOUF

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