POLITIQUE MONÉTAIRE : La BCEAO maitrise t-elle vraiment la situation

Le Comité de politique monétaire de la BCEAO a décidé ce 06 mars  2024 de maintenir inchangé son taux directeur à 3,50%.

Elle explique cette décision notamment par un recul de l’inflation dans la zone et par un contexte de croissance économique favorable.

UN MAUVAIS DIAGNOSTIC

La BCEAO a encore pris une mauvaise décision pour plusieurs raisons

1 – La thérapie mécanique de maintien ou d’augmentation des taux est inefficace pour une zone qui n’a pas une maitrise complète de sa politique monétaire.

2 – L’autosatisfaction proclamée quant à une diminution de l’inflation interroge sur la solidité des arguments avancés. Objectivement la vie reste chère dans la zone. Il devient urgent de repenser nos outils de mesure des prix.

3 – La BCEAO ignore que notre inflation n’a pas une origine monétaire classique et n’est pas liée à une surchauffe de l’économie. Des lors, les mesures conventionnelles, contre-productives, s’apparentent à un coup d’épée dans l’eau

4 – Le paramètre bonne tenue de la croissance pour justifier le maintien des taux ne tient pas. En effet ces taux de croissance mal calculés, insuffisants, extravertis et supérieurs au croît démographique ne permettent pas un recul de la pauvreté. Une bonne partie des pays de l’Union reste en queue de classement dans  l’indice de développement humain du Pnud.

5 – La BCEAO n’a pas été suffisamment stratège dans sa décision en omettant d’évoquer l’impact de la situation géopolitique difficile actuelle de l’Union  avec son deuxième moteur économique le Sénégal en proie à des difficultés politiques et trois pays le Mali le Niger et Burkina quasiment dans une posture de sécession.

LES SOLUTIONS

Il urge de changer de fusil d’épaule et de prendre de bonnes mesures..

Les contraintes dans la zone Franc sont nombreuses. Des économies extraverties, une monnaie forte qui arrive difficilement à relancer les exportations et qui ne facilite pas l’intégration.

Au lieu de relever les taux directeurs, il aurait fallu suivre le chemin inverse mais aussi promouvoir avec les États des réformes structurelles sur des économies extraverties, réfléchir à d’autres alternatives au financement et solutionner les contraintes liées au Franc CFA. Aussi, il aurait été intéressant de mettre en œuvre, eu égard au poids important du secteur informel qui échappe aux objectifs de quantification monétaire, une politique d’assouplissement quantitative. Celle-ci pourrait se traduire par des solutions temporaires de planche à billets et des stratégies de rachat d’actifs notamment de créances et d’obligations;

Elle devrait faire focus sur le plein emploi qui pourrait se traduire par un appui direct aux États et aux acteurs en utilisant une partie de ses réserves pour financer temporairement des projets;

À quand une vraie politique monétaire ?

Magaye GAYE
Économiste International

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *