Nous avons suivi avec intérêt sur la Radio France Internationale (RFI) une intervention de Monsieur KAKO NUBUKPO, Économiste et Responsable à la Commission de l’UEMOA
Celle-ci, actuellement partagée sur les réseaux sociaux, a porté notamment sur la question relative au Franc CFA.
Commentant la volonté exprimée par les nouvelles autorités sénégalaises d’ envisager le lancement d’une monnaie nationale, il a esquissé des réformes qu’il juge nécessaires sur le franc CFA à savoir notamment :
1 – le changement de nom
2 – l’abandon de la garantie de convertibilité
3 – la modification des règles de gouvernance notamment l’articulation des politiques monétaires et budgétaires
4 – L’ouverture de concertations sur la question du régime de change mais en relation avec la CEDEAO.
Mon avis est que des reformes focalisées sur ces seuls paramètres sont insuffisantes. Les nombreuses contraintes que fait peser le Franc CFA sur nos économies demandent plutôt des modifications structurelles.
Monsieur KAKO NUBUKPO a, me semble t-il, omis dans son argumentation 5 mesures de fond que nous avions du reste rappelées dans une de nos dernières communications publiée dans la presse le 28 mars dernier.
- Changer la parité fixe actuelle au sein de l’UEMOA et non pas en attendant d’en discuter avec la CEDEAO comme il le préconise, ce qui risquerait de retarder l’agenda. Ce régime de change gagnerait à être déterminé par rapport à un panier de monnaies caractéristiques de notre structure de commerce extérieure. Une devise arrimée à l’euro, comme c’est le cas actuellement pour le franc CFA confine dans une position d’importateur, et handicape notre capacité à transformer nos matières premières locales sur place. Au niveau de l’UEMOA, les importations de biens et services ont atteint 36 511 milliards de Fcfa en 2022 soit 32.9% du PIB!
- Imprimer notre monnaie sur place ou à défaut sur la base d’appels d’offre internationaux au lieu que ce soit toujours en France.
- Modifier les règles de fonctionnement des organes de gouvernance des banques centrales des 3 zones de manière à rendre les décisions entièrement africaines
- Revoir leurs missions en les élargissant au plein emploi au lieu des seuls objectifs de lutte contre l’inflation. Desserrer l’étau de politiques monétaires restrictives et de ratios prudentiels calés sur ceux de la zone euro lesquels handicapent l’accès au financement des acteurs économiques.
- Faire circuler dans les 3 zones les mêmes signes monétaires afin de favoriser leur intégration. Rien ne peut justifier le fait que le franc CFA d’Afrique centrale ne soit pas interchangeable avec le franc CFA d’Afrique de l’Ouest
Auteur : Magaye GAYE – Économiste International